jeudi 25 mars 2010

the impossible project


C'était un "défi impossible" que s'étaient lancé onze salariés de l'ancienne usine Polaroid d'Enschede, une ville industrielle néerlandaise : relancer la fabrication de la pellicule à développement instantané pour les célèbres appareils Polaroid, dont la production a été arrêtée en août 2008. Jeudi 25 mars, ce pari fou est rentré dans le champ du possible. Sur le site Internet The Impossible Project, on peut désormais se procurer des films noir et blanc, compatibles avec le modèle SX70, le plus populaire et le plus vendu des appareils Polaroid, au prix de 18 euros pour huit feuilles. D'autres gammes devraient suivre dans les mois à venir.

Le déclin de la photographie instantanée a été proportionnel au succès de la photographie numérique. Polaroid, racheté en 2005 par le financier Tom Petters (qui depuis a été mis sous les verrous pour escroquerie dans une autre affaire), voit ses ventes chuter vertigineusement. En juin 2008, l'usine d'Enschede ferme, après une longue agonie, laissant douze cents salariés au chômage. Lors de la "fête de fermeture" de l'usine, un Autrichien passionné de "Pola" propose à un ancien salarié, André Bosman, un pari fou : créer une start-up, trouver de l'argent pour acheter des machines et redémarrer l'usine.

A Vienne, Florian Kaps, était responsable des activités Internet de la Lomographic Society avant de lancer deux sites dédiés au Polaroid : Polanoid, une galerie où les amoureux du Polaroid viennent exposer leurs clichés après les avoir scannés ; et PolaPremium.com, une boutique vendant des Polaroid d'occasion. Florian Kaps avait contacté la direction de Polaroid, pour tenter de relancer la production, en vain. D'où ce pari fou.

En plus d'André Bosman, dix anciens employés de Polaroid acceptent de rejoindre l'aventure. L'équipe rachète à Polaroid les équipements de l'usine qui n'ont pas encore été vendus. Sur les dix-sept chaînes de montage, neuf sont encore en place. Les composants qui étaient produits par d'autres usines Polaroid n'existant plus, l'équipe d'Impossible doit inventer une nouvelle formule de pellicule. Le rendu des images n'est donc pas tout à fait le même que sur les anciens films Polaroid, souligne le British Journal of Photography, mais "les éléments qui ont rendu le Polaroid si populaire auprès des photographes demeurent".

Impossible s'est fixé pour objectif de produire 3 millions de cartouches de pellicules en 2010 (contre 120 millions aux grandes heures de Polaroid) et 10 millions au maximum les années suivantes. Les cartouches seront vendues sur l'Internet et dans des circuits spécialisés – boutiques de musée ou centres artistiques. Pour fêter la commercialisation de ce nouveau film, Impossible ouvrira le 30 avril une boutique à New York, sur Broadway, qui accueillera également un espace d'expositions.

source lemonde.fr / andy warhol self-portraits in drag 1981

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