samedi 24 avril 2010

mithly


Le journaliste Zineb El Rhazoui écrit. "Beaucoup ont d'abord cru qu'il s'agissait d'une blague il y a presque un mois lorsque, le 1er avril, est paru le premier magazine "homo" du monde arabe. "Mithly" est un jeu de mots : le titre signifie à la fois "homo" et "comme moi" en arabe.

La publication qui fait figure de véritable révolution dans les milieux des activistes libertaires se passe sous le manteau. La version papier a été tirée en 200 exemplaires, imprimés à Rabat, en toute clandestinité.

A l'origine, Samir Bargachi, coordinateur général de Kif-Kif, l'association de défense des LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels) marocains. L'éditorialiste de Mithly raconte : "C'était tout simplement impossible d'obtenir un numéro de dépôt légal et une autorisation de publier". L'article 489 du code pénal marocain punit de six mois à trois ans d'emprisonnement et d'une amende "les actes licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe".

Selon l'association Kif-Kif basée à Madrid, plus de 5 000 homosexuels auraient purgé des peines de prison depuis l'indépendance du Maroc en 1956.

Le premier numéro de Mithly peut se télécharger. C'est sur le site Internet de Mithly que les fondateurs du mensuel misent pour toucher un plus grand lectorat. Le support en langue arabe est financé par l'Union européenne et, à but non lucratif, il a pour objectif d'apporter une note arc-en-ciel dans espace médiatique ultra-stigmatisant.

Selon ses initiateurs, Mithly est avant tout un espace d'expression pour une communauté en souffrance. Une catharsis salutaire pour une frange de la population persécutée à la fois par l'Etat et par les conservateurs.

Dans la presse arabophone, un homo est communément appelé "Chaddh" (pervers). Seules quelques voix isolées insistent pour utiliser le terme "Mithly", au risque de passer pour des chantres de la dépravation.

D'ailleurs, l'arrivée de la publication est vécue comme une calamité par les conservateurs, un signe de la fin des temps. Pourtant, point d'éphèbe qui pose nu, ni d'imagerie homosexuelle explicite, juste du texte et quelques discrètes illustrations".

Mais qu'est devenu Jasad, qui se définissait comme "le magazine du corps dans tous ses états"? Lancé en 2008 par la poète libanaise Joumana Haddad, le magazine érotique dont nous avions parlé dans le précédent blog fait toujours scandale depuis. Les autorités religieuses libanaises attaquent régulièrement Jasad, semble-t-il, le décrivant comme une revue pornographique.

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