samedi 17 septembre 2011

prime cut



Vive la trivialité, quand elle vient bousculer une élégance trop suave. On est en 1972, "Prime Cut" de Michael Ritchie (auteur notamment de deux films avec Robert Redford, de la série des Fletch avec Chevy Chase, et qui s’est ensuite recyclé dans la télévision américaine) commence comme un récit laconique, élégant, urbain, typique des polars d’auteur des années 70 et de leur abstraction stylisée aussi plaisante que vaine (BO de Lalo Schifrin, graphisme à tout-va, on connaît la chanson).

Et puis d’un coup, des détails ahurissants perturbent la donne, un peu comme si Michael Mann se mettait à faire du Tobe Hooper. Un éleveur fait de la charcuterie avec des restes humains, des jeunes filles sont élevées en serre comme du bétail, une princesse blonde vit sur un bateau, le méchant s’appelle Mary Ann… Lee Marvin, trop mutique (la parlotte, c’est un truc de chochotte ?), affronte Gene Hackman, frère d’un demeuré qui ne jure que par la saucisse, tandis que Sissy Spacek, ophélienne dans sa robe verte, sert de monnaie d’échange entre le justicier et le psychopathe.

Toute la partie cauchemardesque, qui montre une Amérique blanche, rurale et dégénérée, cultive l’incrédulité d’une belle façon invention ou documentaire, dans quel monde sommes-nous ?

Violence réelle, humour grotesque mais détaché, récit calme, virilité piteuse des méchants avec des pointes de délicatesse inattendues lorsqu’il s’agit des personnages féminins : le mélange des genres, une des choses les plus difficiles à réussir, fait du film une belle curiosité.

La placidité de l’ensemble (disons que l’absence apparente d’intentions s’accompagne quand même d’un vrai sérieux) rend même le projet, et son réalisateur, mystérieux.

Le DVD Bonus : Jean-Pierre Dionnet évoque les secrets et l’histoire de Prime Cut avec le cinéaste Frédéric Schoendoerffer.

Encore adore et a fondu pour la robe verte de Sissy Spacek, on veut la même c'est à se damner. Le déshabillé de Clarabelle (Angel Tompkins) sur le bateau n'est pas mal non plus, mais pour cela, il faut regarder ce drôle de film.

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