Berlusconi, empêtré dans ses affaires de prostitution, est mis en difficulté par de nouvelles publications.
Jusqu’en août, l’Italie en était restée à l’image d’un président du Conseil lançant aux jeunes femmes invitées dans sa piscine privée : "En avant, suivante !" Puis, le pays a découvert, à l’occasion d’écoutes téléphoniques ordonnées par la justice, un Silvio Berlusconi vomissant son "pays de merde". A présent, c’est encore un autre Cavaliere qui vient d’apparaître aux Italiens, éclaboussé cette fois par une série de scandales de prostitution. Les révélations qui viennent d’être publiées presque in extenso par la presse transalpine sont accablantes. On y découvre en passant que Berlusconi "est Premier ministre à ses heures perdues".
En pleine crise économique et alors que la Péninsule est en ligne de mire des marchés, Silvio Berlusconi, 74 ans, apparaît avant tout comme obsédé par le sexe et ses "petites gamines" qui le rejoignent régulièrement en Sardaigne, à Rome, ou dans sa luxueuse villa lombarde d’Arcore. "Qui m’amènes-tu ce soir ?" s’enquiert-il au téléphone auprès de Gianpaolo Tarantini, un homme d’affaires qui lui aurait fourni une trentaine de jeunes prostituées et qui se retrouve au centre de l’accusation des parquets de Naples et Bari. "Ne les choisis pas trop grandes parce qu’on est petits", exige le chef du gouvernement qui, dans une autre conversation, précise : "Deux filles par personne (…) puis, on se les prête. La chatte doit tourner."
Faveurs. Le lendemain du jour de l’an, Silvio Berlusconi se félicite : "Hier soir, elles faisaient la queue devant ma chambre. Il y en avait onze. Je ne m’en suis fait que huit parce que je n’en pouvais plus."A l’autre bout du fil, Tarantini ne manque pas de le flatter : "Mais qu’est-ce que vous faites aux femmes ? Je n’ai jamais vu personne qui les rende aussi folles." Le jeune proxénète présumé est aujourd’hui en prison, accusé par le parquet de Bari d’avoir organisé 21 parties fines entre septembre 2008 et mai 2009. En échange de ces services rendus, "Gianpi" Tarantini aurait demandé des faveurs pour s’adjuger des marchés, notamment auprès du géant industriel Finmeccanica. Mais à Naples, il est aussi soupçonné, avec un autre homme d’affaires sulfureux, d’avoir fait chanter le Cavaliere, qui leur aurait versé 800 000 euros.
C’est dans ce contexte que les juges de Naples ont convoqué la "victime" présumée, Berlusconi, qui devait être entendu comme témoin. Celui-ci a répondu qu’il n’avait pas l’intention de tomber dans le "piège" des magistrats et que l’argent versé à Gianpaolo Tarantini visait uniquement à aider un ami "avec une femme et des enfants dans le besoin". Il avait jusqu’à dimanche soir pour se présenter au tribunal. Les juges napolitains pourraient demander qu’il soit accompagné par les carabiniers jusque dans leurs bureaux. Reste que l’hypothèse est peu probable. L’effet des nouvelles révélations est en tout cas désastreux pour le président du conseil, dont la cote de popularité est tombée à son plus bas niveau, avec seulement 24% d’opinions favorables.
Embarras. L’opposition dans son ensemble réclame la démission immédiate de Berlusconi. Dans son propre camp, certains dirigeants, comme les anciens ministres de l’Intérieur Giuseppe Pisanu et Claudio Scajola, lui demandent "un geste de responsabilité". Les alliés de la Ligue du Nord aussi ne cachent plus leur embarras. Mais le Cavaliere n’entend pas céder. "Je vais très bien, c’est vous qui avez des sales mines", a-t-il lancé hier aux journalistes devant le palais de justice de Milan, où il assistait à son procès pour corruption de témoin - le procès Mills dans lequel il pourrait être relaxé l’an prochain pour prescription, afin, vraisemblablement, de montrer qu’il ne fuyait pas la justice.
Silvio Berlusconi sait qu’il dispose encore d’une petite majorité au Parlement et entend aller jusqu’au bout de la législature, au printemps 2013. Il compte notamment sur la faiblesse de l’opposition de gauche, elle aussi empêtrée dans un scandale de pots-de-vin. "Si vous croyez que je vais être impressionné par ces nains", aurait-il lâché.
Dans l’immédiat, sa majorité envisage de présenter un texte limitant les écoutes téléphoniques et leur publication dans la presse, en mettant en avant qu’aucun autre chef de gouvernement dans le monde n’a subi une telle violation de sa vie privée. Sur les sites de certains journaux, même ses dialogues audio avec Tarantini et Lavitola sont en ligne. Et si les parquets de Bari et Naples ont veillé à retirer les passages les plus graveleux et embarrassants d’un point de vue diplomatique, il n’est pas exclu que certains commentaires sulfureux dans la centaine de milliers d’écoutes téléphoniques soient rendus publics. Alors que l’Italie a besoin de l’Allemagne pour faire face à l’attaque des marchés, le journal de gauche Il Fatto a avancé que Berlusconi avait émis une appréciation toute personnelle d’Angela Merkel : "Un gros cul imbaisable."
Source libération.fr
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