Le Congrès des Etats-Unis a approuvé, après un ultime vote au Sénat samedi 18 décembre, l'abolition de la loi controversée de 1993 interdisant aux soldats américains d'afficher leur homosexualité, longtemps réclamée par le président Barack Obama.
Les élus ont adopté le texte prévoyant l'abrogation de la mesure par 65 voix contre 31, avec le soutien de huit élus républicains malgré une forte opposition de leur camp.
Le président Obama va pouvoir promulguer la loi dans les prochains jours. Mais, il faudra ensuite plusieurs mois avant son entrée en vigueur, le temps pour les forces armées de se préparer à l'arrivée de soldats ouvertement homosexuels dans ses rangs.
Saluant un vote "historique", le secrétaire à la Défense Robert Gates a d'ailleurs prévenu les militaires que "pendant ce temps, la loi actuelle reste en vigueur", même si dans les faits aucune procédure visant à chasser de l'armée un soldat homosexuel n'a été engagée depuis octobre, selon le Pentagone.
Des partisans de l'abolition de la loi "don't ask, don't tell", lors d'une conférence de presse, le 15 décembre 2010, à Washington.
"Comme le président le dit depuis longtemps, mettre fin à la directive "Don't ask, don't tel" et permettre aux gays et lesbiennes de servir ouvertement dans l'armée renforcera notre sécurité nationale, tout en confirmant le principe fondamental d'égalité sur lequel notre pays a été fondé", a déclaré la Maison blanche dans un communiqué, après le vote du Sénat.
Le sujet a fait l'objet d'un débat passionné dans la société américaine ces derniers mois avec l'intervention de personnalités telles que la chanteuse Lady Gaga qui a diffusé plusieurs messages sur internet en faveur de l'abolition de la loi qu'elle qualifie de discriminatoire.
PARCOURS DU COMBATTANT LÉGISLATIF
En mai, la Chambre avait approuvé l'abolition de cette loi dite "Don't ask, don't tell" (Ne rien demander, ne rien dire) qui oblige les gays et lesbiennes de l'armée à taire leur orientation sexuelle sous peine d'être renvoyés. Mais le Sénat avait rejeté la semaine dernière une première version de la mesure, glissée dans un vaste projet de loi de finance pour le Pentagone. Depuis, des élus des deux camps ont décidé de déposer un nouveau projet de loi indépendant, c'est-à-dire qui n'est pas inséré dans un autre texte. La Chambre des représentants a approuvé le nouveau texte mercredi par 250 voix contre 175.
Samedi, peu avant le vote au Sénat, le sénateur républicain John McCain, l'un des principaux opposants au texte, avait souligné les "importants dégâts" que provoquerait celui-ci s'il était voté. "La première victime de la guerre en Irak était un homosexuel. La mine qui lui a arraché la jambe droite se moquait de savoir s'il était gay ou hétéro. Nous devrions faire de même", a de son côté déclaré le sénateur démocrate Carl Levin, qui préside la commission sénatoriale de la défense. Malgré une forte opposition de la part la majorité des républicains à la chambre haute, six sénateurs conservateurs ont voté pour l'abolition.
14 000 SOLDATS RENVOYÉS À CAUSE DE LEUR ORIENTATION SEXUELLE
Le président Obama avait répété à plusieurs reprises qu'il souhaitait une abolition de la loi avant la fin de l'année. Le plus haut gradé de l'armée américaine, l'amiral Michael Mullen, a assuré récemment que les soldats américains étaient "prêts" pour l'abolition du texte controversé. Une étude du Pentagone dévoilée fin novembre montre qu'une majorité de militaires et de leurs conjoints sont favorables à l'abrogation. Mais, certains élus, essentiellement républicains, craignent que l'abrogation de la loi ne menace l'efficacité des soldats au combat. Les républicains ont mis en avant le fait que plusieurs hauts gradés s'opposent à son abolition, dont le général James Amos, patron des Marines.
Si la loi est abolie, il faudra toutefois plusieurs mois avant son entrée en vigueur, le temps pour les forces armées de se préparer à l'arrivée de soldats ouvertement homosexuels dans ses rangs. Egalement attaquée sur le front judiciaire pour son caractère discriminatoire, la loi a conduit depuis sa mise en place au renvoi de l'armée de quelque 14 000 soldats en raison de leur homosexualité, selon des associations.
source lemonde.fr
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