La Queer Palm sera-t-elle décernée, samedi 22 mai, dans le salon d'un palace cannois avec champagne, coquillages et crustacés ? Ou dans un simple bar qui n'aura même pas vue sur la Croisette ? "Tout dépendra de l'argent que l'on aura trouvé d'ici là…", répond Franck Finance-Madureira, qui assume le côté off de l'événement, organisé "à l'arrache".
Ce journaliste de 37 ans a eu l'idée de créer un prix décerné à un film présenté au Festival de Cannes, toutes sections confondues, "pour sa contribution aux questions gay, lesbienne, bi ou trans" (LGBT). Il s'est inspiré de la Berlinale, dans la capitale allemande, qui décerne des Teddy Awards depuis 1987 : cette année-là, La Loi du désir, de Pedro Almodovar, avait reçu le prix du meilleur film, tandis que deux courts métrages de Gus Van Sant avaient été distingués (Five Ways to Kill Yourself et My New Friend). La Mostra de Venise a son Queer Lion depuis 2007, Cannes aura sa Queer Palm!
L'événement cannois a déjà pour parrains Olivier Ducastel et Jacques Martineau, qui s'affichent volontiers comme "cinéastes gays". L'un de leurs films, Drôle de Félix, avait reçu le prix du jury des Teddy Awards en 2000. "Avoir un Teddy est une carte de visite extraordinaire pour un film et son réalisateur, souligne Jacques Martineau. La cérémonie est drôle et en même temps très officielle, puisqu'elle a lieu en présence du directeur du festival. Berlin est devenu le lieu incontournable des organisateurs de festivals LGBT."
On n'en est pas là, à Cannes. Franck Finance-Madureira n'a trouvé qu'une poignée de partenaires financiers, parmi lesquels le producteur et distributeur Daniel Chabannes (Epicentre), qui a sorti récemment en salles Mourir comme un homme, du réalisateur portugais Joao Pedro Rodrigues, dont le personnage principal est une femme transgenre.
Est-ce la crise économique ? La peur du communautarisme ? "La Queer Palm n'est pas un projet communautariste, plaide Jacques Martineau. Ce prix peut permettre à des œuvres de mieux circuler, d'attirer à Cannes de nouveaux professionnels et d'étendre encore le rayonnement du Festival."
Pour l'instant, les huit membres du jury de la Queer Palm – quatre directeurs de festivals de films LGBT, quatre journalistes – visionnent les films cannois concernés. L'un d'entre eux, Benoît Arnulf, directeur artistique des Rencontres In&Out de Nice, fait ce constat : "En 2009, à Cannes, on avait tous été surpris de voir qu'une quinzaine de films avaient pour thème l'identité sexuelle ou de genre, comme Nuit d'ivresse printanière, de Lou Ye. Cette année, il y en a un peu moins." Les Amours imaginaires, de Xavier Dolan, ou encore Kaboom, de Gregg Araki, figurent parmi les films repérés...
Source Clarisse Fabre lemonde.fr
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire