Pas très pratique de visionner Xanadu au boulot - "Nan, je mate pas YouPorn, c’est Arte ça, coco". En même temps, à l’image, et vas-y que je te lèche la "hum" par-ci, et vas-y que je te prends le "hum" comme ça, et voilà que je te - bon là, on a fermé les yeux. Du porno sur la respectable chaîne hexagono-teutonne ? Les uns, rassurez-vous ; les autres, remontez vos braguettes : si certaines scènes sentent un peu le stupre et la sueur, la série est olé-olé mais pas pornographique. Elle raconte le destin d’une famille à la tête de Xanadu, boîte de prod de films X, fondée et dirigée par un simili-Dorcel, Alex Valadine (le comédien Jean-Baptiste Malartre).
Non-dits. Xanadu est à la fois le nom de l’empire, celui du lieu où se font les tournages et où vit la famille. Un manoir un peu décrépit, clin d’œil à la baraque du même nom dans Citizen Kane. Xanadu est une maison hantée par le spectre d’Elise Jess, la première femme de Valadine et mère de ses enfants, éternelle égérie de la marque, disparue mystérieusement des années plus tôt. Fil narratif de la saison, le patriarche pornocrate doit refiler cet empire du cul, en pleine transition, à ses enfants. Car la maison Xanadu est à une période charnière de son histoire: les fesses entre le porno de papa, scénarisé et siliconé, à l’image de l’égérie choisie par Valadine - Vanessa Body, super Vanessa Demouy botoxée et french-manucurée -, et le porno gonzo, incarné par Lou, débusquée dans la rue par la fille de Valadine.
Autant vous le dire rapidos : Xanadu n’est pas une série sur le hard. Son véritable sujet, beaucoup plus classique, c’est la famille, ses secrets, ses non-dits. Il y a bien quelques scènes de cul crues, du sang, de la drogue, des bleus, du SM et des "soirées underground" un brin malsaines. Mais l’industrie du hard reste un prétexte, une "arène", comme disent les théoriciens du scénario. Un cadre qui donne le ton, la profondeur et l’ambiance de la série, glauque et onirique. C’est la famille confrontée à Eros, comme celle des croque-morts de Six Feet Under l’était à Thanatos. Xanadu déroule ce questionnement : comment grandit-on dans les couloirs de cette étrange maison, où maman n’est plus en haut (elle a disparu, morte sans doute), et où papa est en bas, qui tourne un film porno ("Tout doux, le cunni, tout doux…"). Le tout peuplé de hardeurs grands penseurs, tel Brendon Hard On (Phil Hollyday, acteur porno dans la vraie vie) : "Ma queue, c’est mon seul diplôme".
On trouve vraiment à boire et à manger dans Xanadu. Le très bon côtoie le très moyen ; on s’enthousiasme pour ses audaces, on est déçu par ses gros défauts. Côté personnages, c’est un peu X comme Xanax : Xanadu est peuplé d’un aréopage de gros dingos. La palme revenant aux trois enfants Valadine, personnages les plus réussis. Laurent (Julien Boisselier), d’abord héritier désigné, dont l’existence va basculer ; Sarah, fille-mère fragile, secrète et manipulatrice ; et Lapo, fracassé et éthéré, réalisateur de porno expérimental aux désirs sexuels un peu tordus. A part les réjouissants Demouy et Hollyday, les autres personnages sont décevants.
Jolis flous. Et certaines situations peu plausibles : la série fait un grand écart facial entre un scénario très imparfait (de Séverine Bosschem, Reporters), et une magnifique réalisation (de Podz, talentueux Québécois qui assure la direction artistique de la série, et de Jean-Philippe Amar, issu du monde du documentaire). L’intrigue de Xanadu est parfois peu convaincante, et s’achève très maladroitement. Alors que tout au long de la saison, on adore les jolis flous, les gros plans poétiques, les cadrages décadrés, et les séquences comateuses. Le montage image et son est, lui aussi, très élégant, intuitif. Bref : tout le contraire de "l’esthétique porno", si on ose l’oxymore.
Source libération.fr
Xanadu avec un X, well well...
Bon regardons plutôt M le maudit, F comme Fairbanks, un bon vieux Pasolini ou l' éternel Emmanuelle qu'Encore adore. Pis, nous Demouy c'est pas du tout notre cam on préfère Sylvia Kristel de très très loin.
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