La Cour suprême du Brésil, le plus grand pays catholique du monde, a reconnu jeudi l'union civile pour les couples homosexuels, ce qui leur assure les mêmes droits qu'aux hétérosexuels.
La décision a été adoptée à l'unanimité par les dix juges, selon le président de la Cour, Cezar Pelluzo, en dépit de la farouche opposition de l'Eglise catholique.
A la différence de son voisin argentin, le Brésil n'a toutefois pas légalisé le mariage homosexuel.
"Ceux qui ont opté pour l'union homosexuelle ne peuvent être des citoyens de deuxième catégorie", a déclaré la juge Carmen Lucia en votant en faveur de l'union civile des homosexuels.
"En l'absence d'une loi qui réglemente le mariage des homosexuels, la reconnaissance de l'union civile par la Cour suprême était le mieux à quoi on pouvait s'attendre. Cela veut dire qu'aucun juge ne pourra leur refuser leurs droits", tels que la pension, l'héritage et l'adoption d'enfants, a expliqué à l'AFP la juge Maria Berenice Dias.
Présidente de la Commission de la diversité sexuelle des avocats du Brésil, Mme Dias, qui a consacré plusieurs années de sa vie à cette cause, a expliqué "qu'au Brésil l'union civile donne pratiquement les mêmes droits que le mariage".
Elle a rappelé que des couples avaient déjà obtenu la reconnaissance de ces droits dans plus d'un millier de jugements au cours des dernières années. Mais, désormais, la norme sera claire pour tout le monde, selon elle.
"La discrimination génère la haine", a argué quant à lui le juge rapporteur Carlos Ayres Britto.
"Plusieurs pays de la région ont déjà reconnu ces droits", a également plaidé l'avocat de l'Etat, Luiz Inacio Adams, citant l'Argentine, l'Uruguay et la Colombie.
Le Sénat argentin a approuvé en 2010 une loi qui a fait du pays le premier d'Amérique latine à légaliser le mariage des homosexuels sur tout son territoire. La ville de Mexico avait joué les pionnières en décembre 2009.
Les militants des droits des Gays, Lesbiennes, Bisexuels et Transexuels (GLBT) sont venus en masse au Tribunal suprême fédéral de Brasilia, la plus haute instance judiciaire brésilienne.
"J'espère que cette décision sera un pas important pour d'autres actions et que le Sénat suivra l'exemple de l'Argentine qui a dejà approuvé le mariage civil pour les personnes du même sexe", a déclaré à l'AFP le président du Groupe Gay de Bahia (GGB), Marcelo Cerqueira.
Le Brésil organise depuis des années à Sao Paulo (sud-est) la plus grande "Parade de la fierté gay" du monde avec des millions de participants, mais est aussi "le pays numéro un en assassinats d'homosexuels", a rappelé le militant.
Fondée en 1980, le GGB a recensé 3.196 meurtres d'homosexuels jusqu'en 2009, soit 110 par an en moyenne. En dépit de ces données alarmantes, le projet de loi de pénalisation de l'homophobie fait face à la résistance des groupes catholiques et évangéliques.
La demande de reconnaissance de l'union civile pour les homosexuels émane du gouverneur de Rio, Sergio Cabral, qui souhaitait donner les mêmes droits à tous ses fonctionnaires, et du procureur général de la République, Roberto Gurgel.
L'Eglise s'y est en revanche fortement opposée.
"La pluralité a des limites", a déclaré l'avocat de la Conférence nationale des évêques du Brésil, Hugo José de Oliveira, en défendant la seule "union entre hommes et femmes" comme il est inscrit dans la Constitution.
Source AFP.
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