mercredi 9 février 2011

no governement, no sex


Sortie de l'anonymat dans lequel la maintenait sa fonction peu exposée étant donné l'interminable crise politique, la sénatrice flamande Marleen Temmerman propose aux femmes de son pays une grève du sexe. Afin, suggère l'élue (par ailleurs gynécologue) de faire pression sur ceux qui tentent de former un gouvernement fédéral.

Premières concernées, les femmes des négociateurs plongés depuis quelque 240 jours dans des discussions apparemment sans issue, sont donc invitées à décréter l'abstinence. On suppose qu'il en va de même pour les maris de trois responsables féminines qui participent aux débats, à savoir les vice-premières ministres sortantes, Laurette Onkelinx (PS) et Joëlle Milquet (centriste), ou la présidente du parti de Mme Temmerman, Caroline Gennez.

Plus d'ébats si pas de vrais débats ? La sénatrice socialiste veut, dit-elle, s'inspirer de l'exemple du Kenya où des femmes, lasses de voir s'éterniser une crise politique, avaient lancé le mot d'ordre "No sex, no governement". Un mois plus tard, l'affaire était réglée.

La version belge de l'action "revient à se demander ce que l'on peut encore faire pour que les choses bougent enfin", a expliqué Mme Temmerman. "Avec humour", souligne-t-elle, pour ceux qui n'auraient pas compris. L'appel est lancé au moment où un nouveau médiateur désigné par le roi Albert II tente depuis quelques jours de forcer un compromis institutionnel.

Les chances d'aboutir de Didier Reynders, ministre des finances sortant et président du parti Mouvement réformateur (libéral), sont toutefois jugées faibles étant donné la multiplication des exclusives que formulent les partis. L'hypothèse est, désormais, que les Belges seront rappelés aux urnes au printemps.

Agissant, dit-elle, "par frustration", Mme Temmerman explique qu'elle s'est lancée dans la politique pour faire avancer la société dans les domaines de la santé et de la bioéthique. Or, sans gouvernement, "il est impossible d'agir". Les commentaires sur son initiative ne sont toutefois pas tendres.

"Un peu risible", juge, dans le journal Le Soir, le politologue Pascal Delwit, admettant cependant que personne ne voit plus comment sortir du bourbier actuel, d'où la multiplication d'initiatives farfelues.

Il y a peu de temps, l'acteur Benoît Poelvoorde a proposé à tous les hommes belges de laisser se pousser la barbe "jusqu'à ce que la Belgique se relève. Et un groupe d'internautes projette une grande fête populaire à Gand lorsque la Belgique aura battu (à la fin mars) le record mondial de la crise la plus longue…

Le commentateur du plus grand quotidien du pays, Het Laatste Nieuws, se lamentait mardi matin : "Si les politiques eux-mêmes n'arrivent plus à se hisser au-dessus d'un comédie pubertaire sur Nickelodeon, le pays est en grand danger", écrivait Luc Van Der Kelen. Mais des groupes féministes critiquent, eux aussi, Mme Temmerman : "Elle aurait mieux fait de proposer une grève de la vaisselle", souligne la responsable de l'un d'entre eux.

Source lemonde.fr

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