Il faut traverser la boutique du 19 Marktplatz en résistant à la tentation, gravirdeux étages, pour être accueilli par une palanquée de dames toutes nues occupées à lutiner des messieurs à chapeau melon. Ce sont les tableaux de Bill Copley, le plus politiquement incorrect des artistes américains, qui témoignent d'un total manque d'inhibition, y compris dans la peinture elle-même, Copley étant autodidacte en la matière.
Enfant adopté d'une famille très fortunée, Copley travailla un temps dans un des journaux édité par son père, un magnat de la presse, avant d'ouvrir une galerie à Beverly Hill en 1948. Man Ray, qui vivait alors en Californie, l'introduisit auprès de Marcel Duchamp, lequel lui présenta Max Ernst, Matta, Magritte et une bonne part du groupe surréaliste, dont il exposa les œuvres dans sa galerie. Sans troppouvoir en vendre, ces choses n'intéressant guère les Californiens de l'époque, mais ne se privant pas d'en acheter pour son propre compte.
En 1949, il vint s'installer un temps à Paris, passant l'essentiel de son temps àpeindre, mais créant aussi, grâce à l'héritage touché de son père, une fondation Duchamp était membre du conseil d'administration destinée à attribuer des bourses aux artistes démunis. C'est cette fondation qui assura aussi les coûts de production de l'œuvre ultime de Marcel Duchamp, Etant donné, et l'offrit au musée de Philadelphie à la mort de l'artiste.
Mais l'essentiel de son temps était consacré à la peinture, que ses amis surréalistes semblent avoir appréciée autant que l'argent dont il était prodigue. Une photographie montre ainsi Copley, lors de l'exposition que lui consacra le Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1966, entouré de Magritte, Ernst, Man Ray et Duchamp.
Duchamp qui eut sans doute apprécié l'exposition de la chocolaterie Schiesser. Baptisée "Confiserie CPLY", comme il aimait à abrévier son nom, loin des bruits et des bousculades de la foire, il eût pu y fumer tranquillement assis dans un bon fauteuil, regarder les tableaux grivois de son ami, et sirotant un kirsch offert par ses hôtes, lorgner, avant de croquer dedans, la dame toute nue gravée par le chocolatier bâlois dans une friandise spécialement conçue pour l'occasion.
"Confiserie CPLY", à la chocolaterie Schiesser, 19 Marktplatz, Bâle, jusqu'au 15 juin.
Source lemonde.fr
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