lundi 27 mai 2013

"cunnilinger tue"

Michael Douglas, le comédien de Hollywood, a étonné le monde entier, dimanche dans un entretien accordé au Guardian, en révélant que son cancer de la gorge n’était pas dû à l’alcool ou aux cigarettes mais au… cunnilingus.
Face à la stupeur du journaliste qui l’interviewait, le mari de Catherine Zeta-Jones, connu pour avoir parfois abusé de l’acool, a insisté : "Si, c’est une maladie sexuellement transmissible qui cause le cancer."
Depuis quelques années les médecins ORL et autres oncologues spécialisés ont vu apparaître de plus en plus de cas de cancers ORL (bouche, amygdales, pharynx et larynx), dus au papillomavirus humain (HPV), ce qui s’explique par l’augmentation des pratiques de sexe oral.
Philippe Gorphe, chirurgien ORL à l’Institut de cancérologie Gustave Roussy confirme cette augmentation :
"Les cancers ORL sont classiquement dus à la consommation d’alcool et de tabac. En France on a 15 000 nouveaux cas de cancer ORL en général par an. Il s’agit du cinquième type de cancer le plus fréquent. "Grâce aux campagnes antitabac on assistait depuis une vingtaine d’années à une baisse lente et progressive de l’incidence des cancers ORL. Or, on voit une augmentation d’une partie des ces types de cancer : les cancers de l'oropharynx."
Pour l’instant, il n’existe pas d’études concluantes sur la population française. En revanche, d’après ce médecin, les études américaines établiraient que plus de 50% de ces cancers seraient liés au papillomavirus.
Le HPV (qui représente une famille de virus) est une contamination locale, virale, et cutanéo-muqueuse, qui se transmet notamment lors des rapports sexuels. Les HPV de type 16 sont à l’origine des cancers du col de l’utérus et du cancer de l’oropharynx.
Hélène Borne, gynécologue à Paris, précise : "Le virus ne se transmet pas seulement par la pénétration vaginale ou anale mais aussi par les caresses des mains sur le sexe et les rapports buccaux-génitaux."
De son côté, Philippe Gorphe note que la moyenne d’âge des patients atteints du cancer dû au HPV est plus basse que celle des patients de cancer ORL en général : "Ils sont plus jeunes, ils ont entre 35 et 40 ans."
Le papillomavirus est à l’origine du cancer du col de l’utérus, et est plus souvent évoqué comme une préoccupation féminine. Or, les hommes aussi sont atteints par ce virus, dont certains types peuvent donner lieu à des condylomes génitaux (des verrues), et aussi provoquer des cancers ORL.
De fait, dans une étude américaine publié en 2012, des médecins ont trouvé une prévalence d’infection orale avec le HPV plus élevée chez les hommes (10,1%) que chez les femmes (3,6%).
A en croire le docteur Gorphe, les symptômes d’un cancer de l’oropharynx sont les suivants : maux de gorge, une difficulté à avaler, des crachats sanglants, une modification de la voix et la perte de poids.
Ce type de cancer s’installe le plus fréquemment au niveau des amygdales, difficilement visibles par le patient lui-même.
Selon Philippe Gorphe, les cancers de l’oropharynx occasionnés par un HPV sont plus facilement guérissables que ceux causés par la consommation de l’alcool ou le tabagisme, parce que les patients sont souvent plus jeunes et en meilleure santé, et parce que les tumeurs dues au HPV répondent mieux à la radiothérapie.
La meilleure manière d’éviter d’avoir des cancers dus aux papillomavirus, selon le docteur Gorphe: "Les comportements sexuels sont difficilement modifiables. La prévention des tumeurs HPV passe surtout par la vaccination des jeunes filles. "
Il n’existe pas de traitement efficace contre une infection HPV. Or, on peut être infecté sans jamais développer de cancer, ni dans la bouche ni au niveau des organes génitaux.
Le docteur Hélène Borne assure que 80 % des femmes ayant eu une infection génitale parviennent à se débarrasser du virus grâce à leurs défenses immunitaires. Les hommes sont le plus souvent porteurs du virus, même lorsqu’ils développent des verrues sur le sexe, ils arrivent bien souvent à s’en débarrasser.
Il serait possible de transmettre un virus à travers des baisers, mais uniquement dans des cas très particuliers : "Si quelqu’un a un condylome dans la bouche et embrasse un autre qui vient de se faire enlever une dent, il peut y avoir une contamination", soupire Hélène Borne. Elle insiste sur le fait qu’il faut d’abord éviter de semer la panique dans ce sujet. "L’important est que les filles jeunes se fassent vacciner et que toutes les femmes se fassent dépister. Les hommes n’ont pas besoin de se faire dépister puisque bien souvent ils s’en débarrassent. Mais ils sont vecteurs de l’infection."

Source rue89.com

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